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Les mortalités dans nos étangs à carpes du Bas-Rhin : Pourquoi ? Comment ? Que faire ?

Par le docteur VOM SCHEIDT Andréas, vétérinaire

Pourquoi meurent-elles ?

Historiquement depuis une vingtaine d’années, nos carpes ont été souvent touchées par la Virémie printanière, due au Sprivivirus de la carpe, qui s’est tellement propagée que la majorité de nos étangs ont été concernés à un moment ou à un autre par des mortalités ne touchant que les carpes, et particulièrement une classe d’âge qui n’était pas protégée par une ancienne rencontre virale ayant permis de mettre en place une défense efficace par les anticorps. Puis est apparue l’herpesvirose de la carpe Koï ou KHVD il y a 2 à 3 ans, importée entre autres d’Asie par le biais du commerce international très actif pour ces espèces décoratives. Enfin, depuis l’année dernière, et de plus en plus souvent, la maladie du sommeil de la carpe, ou Koï Sleepy Disease = KSD due à un Poxvirus apparue au Japon en 1979 et finissant de toucher toute l’Europe.
Ces maladies sont causées par des virus qui sont souvent introduits dans l'étang par des moyens tels que le rempoissonnement, les équipements de pêche sales ou les oiseaux qui transportent les virus d'un endroit à l'autre. Il peut y avoir trois virus différents qui causent des maladies chez les carpes, mais ils ont des similitudes et des différences.

Comment meurent-elles ?

En général, les mortalités se déclenchent à cause de la température de l'eau, qui est propice à la multiplication des virus. Il y a trois types de maladies virales qui affectent les poissons, et chacune se développe à des températures spécifiques :

  • Virémie printanière lors du réchauffement avec un début de maladie entre 5 et 10°C et un pic entre 11 et 17°C

-> Mortalité le plus souvent aux alentours de 30%, avec une ou deux classes d’âge concernées car non protégées par d’anciens contacts

  • Herpesvirose KVHD plus tard avec des températures entre 16 et 26°C (jamais en dessous de 13°C ni au-dessus de 30°C)

-> Mortalités souvent très rapides en quelques heures d’un grand nombre de carpes en général jusqu’à 50%

  • Maladie du sommeil KSD se déclenche aussi entre 6 et 10°C plutôt en fin d’hiver, mais des épisodes ont été observés toute l’année

-> Jusqu’à 80% de mortalités en une à deux semaines


Néanmoins, et ceci concerne les 3 virus, une rupture d’immunité entre autres en relation avec un stress dû au transport ou à la manipulation avec des températures favorables pourront provoquer une rechute chez les rescapés. Le taux de mortalité varie en général entre 5 et 100 % de la population de carpes, avec des différences importantes suivant les cas.

Comment reconnaître les signes ?

Les signes que les poissons sont malades sont assez similaires pour tous les virus, mais il y a quelques différences :


A) Les poissons sont moins actifs, leur nage est plus lente et désordonnée, et ils peuvent remonter à la surface de l'eau pour prendre de l'air. Cependant, la maladie du sommeil est particulière car elle peut rendre les poissons très léthargiques, couchés sur le côté, avec un état de mort apparente mais les yeux encore actifs.


B) Les poissons peuvent avoir une production anormale de mucus sur leur peau et leurs branchies, des branchies pâles, des hémorragies sur la peau et les branchies, et une nécrose sévère des branchies dans le cas de la maladie du sommeil. De plus, la maladie virale de la carpe peut faire sortir les yeux des poissons, tandis que la KVHD et la KSD peuvent les faire rentrer dans l'orbite.


C) Les organes internes des poissons malades peuvent contenir du sang et des taches hémorragiques, les reins et la rate sont souvent enflés pour tous les virus.


-> Le diagnostic s’effectue en laboratoire grâce à un test PCR.

Que faire en cas de mortalité importante dans votre étang ?

1. Arrêter de pêcher afin d’isoler l’étang et le virus du reste des plans d’eau pour tenter d’éviter toute contamination, ramasser les poissons morts et les amener à l’équarrissage pour destruction.


2. Envoyer un prélèvement d’un poisson mort (ou idéalement agonisant) soit en entier, soit en partie (organes) sous couvert du froid au laboratoire vétérinaire départemental d’analyses du Jura LDA39 59 rue du vieil hôpital 39800 Poligny (03.84.73.73.40). Appelez les pour les détails d’envoi et la transmission d’un bon de commande d’analyses/commémoratifs à remplir. Il est à noter qu’une étude nationale est en cours sur la maladie du sommeil de la carpe, qui permet d’obtenir la gratuité des analyses effectuées : renseignez-vous auprès du laboratoire !


3. Eviter la contamination des étangs en isolant au moins une année ceux qui ont été touchés et en généralisant partout des pratiques de prophylaxie visant à empêcher le transfert de virus d’un lieu à un autre.
a) Limiter les empoissonnements au strict minimum car la surpopulation est un des facteurs déterminants et toujours aggravants et le déversement de poissons d’origines diverses est le meilleur moyen d’amener des microbes non désirés voire dangereux dans un étang
b) Installer des bacs contenant une solution antiseptique et des bacs de rinçage afin de procéder à la désinfection du matériel à risque, à savoir les bourriches, les épuisettes, les sacs à poissons et de pesée et les tapis de réception.
Ce matériel devra être lavé avant désinfection ! Les produits utilisables sont nombreux mais demandent tous un temps de contact de 10 minutes, ce qui pose de nombreux problèmes de mise en oeuvre !

  • L’eau de javel s’utilise en dilution de 5% : 1 berlingot de 250 ml + 750 à 1000 litres d’eau

o Mettre 3 cuillerées à soupe par litre
o Remplacez tous les 2 jours la solution

  • La Chlorhexidine solution à 2% : mettre 100 ml par litre
  • L’Iode sous forme de bétadine jaune ou équivalent en solution de 250 ppm soit une cuillerée à soupe pour 2 litres
  • Le Virkon : 50 g pour 10 litres d’eau
  • Les pisciculteurs utilisent aussi d’autres produits de type ammonium quaternaire

4. Proscrire le recours aux bourriches et aux sacs hors compétition
a. Limiter le nombre de concours rassemblant des pêcheurs de divers horizons
b. Mettre sur pied le programme de prophylaxie le plus tôt possible afin de limiter les risques au maximum

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